samedi 6 septembre 2014

Tibhirine, les terrasses

Tibhirine en Méditerranée...

C'est un toponyme kabyle (mazigh) souillé par ceux qui jurent par le mal qui va nous révéler des choses ô combien intéressantes.

Rappel
Tibhirine ou Tibéhirine, selon la transcription adoptée en français, serait en kabyle très exactement l'équivalent de Jardins, même si en réalité le mot tha-vhir-th (thivhirin au pluriel) ne distingue pas le potager du verger. Néanmoins, tha-vhirt-th désigne de nous jours en Kabylie un lopin de terre labouré, sassé et en plate-bandes servant de potager, et rarement de verger, surtout situé obligatoirement au-dessus d'un cours d'eau, sur le flanc d'un ravin, par exemple, où passe un torrent (ighzer).
D'autre part, cette racine VHR de thi-vhirin se retrouve dans a-vehri "brise, air frais" et  levhar "la mer" en kabyle familier, terme sans aucun doute interférant, d'un côté, avec l'arabe BHR de al-bahr "la mer", voir "fleuve", et avec le latin Liberta ou liberté, de l'autre côté. Le kabyle est le seul à allier ces trois notions (jardin, mer, brise) pour la même racine (VHR). Par ailleurs, il a été dit sur ce blog que la Mer était probablement liée aux notions de Libra, Liberté, Balance. 

Terrasse
Si la racine VHR est dans levhar "mer" et thi-vhirin "les jardins", c'est VH qui va nous aider à mieux comprendre le sens des mots générés par la racine VHR, comme thi-vhirin, par exemple.
VH de tha-vha-ts (tavhats)
Si thi-vhirin sont des plate-bandes alignées en rangées, d'où les notions afférentes Suites, Jardins, Gradins, etc, tha-vhats est leur miniature destiné à poser un piège à oiseaux : c'est un patit rayon de terre labourée, sassée et fine, à l'horizontale ou le plus souvent en incliné où est enfoncé le piège à oiseaux qui ne laisse apparaître que "l'hameçon".
Premier constat :
VHR de thi-vhirin, levhar pourrait avoir une relation avec Lavoro (travail) ou labour en romanes ; 
Ensuite, cette parenthèse sert surtout à mieux expliquer le sens de thi-vhirin :
thi-vhirin (Tibhirine) = Jardins en terrasse = Terrasses 
Et la relation "jardins-mer" pour la racine VHR de thi-vhirin (jardins, terrasses) et a-vehri "brise, air frais" en kabyle n'est pas fortuite :
Terrasse en français = altération du grec Thalassa "mer, océan".
La suite de ce billet nous donnera raison concernant ce rapprochement.

Plage
Si on se replaçait dans l'espace, en quitant le torrent qui traverse le ravin en montagne pour se mettre près d'une rivière (ou petit fleuve) assif qui traverse la plaine ou la vallée, notre VHR de thi-vhirin serait simplement la Berge du fleuve, de la rivière, le Sable quoi. Ici, comme il s'agit d'une rivière, on pourrait supposer qu'il est question de Parité (deux berges visibles pour l'observateur). Et le terme kabyle assif "rivière" serait le même que celui de sif "sasser, tamiser" (mot existant en sémitique-arabe aussi je crois) : la Tamise des Anglois porterait bien son nom :). On y reviendra une autre fois là-dessus, l'essentiel, comme avancé dans le billet Assif, la clé des chiffres et lettres se trouverait dans les sources, les eaux, les rivières, les fleuves, les mers, etc...

Et si on se plaçait sur le front de mer avec une seule berge visible pour l'observateur (celle d'en face étant loin et invisible), notre racine VHR serait impaire et thi-vhirin seraient des Plages, et levhar serait non pas la mer mais le Littoral ou la Plage tout simplement. 
Ici on est en droit de supposer que VHR de thi-vhirin, levhar, etc.. serait ça :
VHR, tibhirine = Niveau  
VHR, levhar = Niveau de la mer
Comme quoi levhar en kab est similaire à level en anglois :) D'ailleurs en latin (en romanes) niveau viendrait de libra "balance" (justement associé à la mer). En outre, VHR de thi-vhirin et levhar attesterait le sens de Nivellement, Terrassement (en BTP). Et le sens de la mer comme niveau zéro ou repère de référence en altitude n'est plus à expliquer 

On ne peut pas exclure non plus qu'il s'agit là d'un niveau précis : 
VHR levhar : (niveau) Moyen, Médian
D'où vraisemblablement médi dans Méditerranée et (al bahr al abaydh) al-moutawasat en arabe "(la mer blanche) du milieu" pour la Méditerranée. D'un, levhar ne peut pas être d'origine sémitique arabe puisqu'il signifierait milieu, et de deux, levhar en kabyle n'est applicable qu'à la Méditerranée.

Mais l'intérêt que représente ce toponyme Tibhirine est surtout ailleurs : dans le chiffres, les lettres. Compter les grains de sable sur une plage, c'est vraiment de la mer à boire :) Mais un indice venant d'une source grecque en relation avec les Phéniciens doit retenir toute notre attention surtout que nous faisons la chasse aux origines des chiffres et des lettres (premier alphabet). 
Le voici cet indice :
Selon Hérodote, les Phéniciens, lorsqu'ils arrivaient en un point quelconque du littoral, débarquaient leurs marchandises, les étalaient sur la plage, puis retournaient à leurs bateaux d'où ils faisaient s'élever des colonnes de fumée. A cette vue, les indigènes s'approchaient, apportant 1eur or, et le troc pouvait commencer.
 

C'est à dire que l'on a tout à fait raison de chercher les origines du calcul, des chiffres et des lettres aussi dans les eaux, la mer, la rivière, le fleuve. Dans ce cas précis de négociants sur une plage, VHR de levhar pourrait être non pas un niveau mais un système de calcul, une balance, une échelle ou une grille  comme un barème d'échange ou :
...simplement un Comptoir surtout dans ce contexte "phénicien";
...un filet (grille) de pêcheurs. La notion de pêcheur pourrait aussi s'avérer intéressante surtout qu'on retrouve sa trace dans mes mythes et religions, apôtre Pierre, par exemple, qui était ancien pêcheur en Galilée.

Nous avons là enrichi la collection de notions liées à Tibhirine. Mais ceux qu'on appelle en kabyle i-vehriyen, en relation donc à levhar "la mer" (ou plutôt le littoral, la Méditerranée), n'ont toujours pas dévoilé leur secret...